Comment bien préparer son entretien téléphonique
Les conseils de Baptiste DAIRE, recruteur associé chez Mon ami français.
L’entretien téléphonique ! Peut-être avez-vous vécu cette expérience pendant le confinement, ou bien peut-être l’avez-vous vécu avant, car en effet l’entretien téléphonique n’est pas nouveau, mais celui-ci tend à se généraliser. Par souci de rapidité ? De praticité ? Nous allons chercher à comprendre dans cet article les raisons pour lesquelles de plus en plus de recruteurs ont recours à l’entretien téléphonique, ce que cela change pour le candidat par rapport à l’entretien physique et surtout comment s’y préparer efficacement !
I. Un entretien téléphonique ? Pourquoi ?
Nous différencions 3 types d’entretiens téléphoniques. Chacun ayant des motivations différentes :
- L’entretien ‘sur le pouce’ valide certaines informations-clés. Il est généralement imprévu pour le candidat et ne dure que quelques minutes (5 minutes)
- L’entretien de présélection affine une sélection faite sur CV avant un entretien physique. Cet entretien est planifié avec le candidat et dure 15/20 minutes selon le poste et/ou l’expérience du profil interviewé.
- L’entretien ‘réel’ peut être dû à la distance entre le candidat et le recruteur ou encore à d’autres circonstances exceptionnelles (Covid-19). Souvent réalisé en visio, cet entretien est planifié avec le candidat et dure entre 30 et 45 minutes, selon le poste et/ou l’expérience du profil interviewé.
Selon moi, l’entretien téléphonique présente un certain nombre d’avantages pour le recruteur, lui permettant de lire plus efficacement les candidats qu’il rencontre :
- Il est plus à l’aise pour prendre des notes
- Il peut chercher des infos sur internet pendant que vous parlez (Linkedin, site de votre ancienne société, etc.)
- Il peut au contraire se concentrer à 100% sur vos réponses et surtout sur votre voix qui peut trahir un certain nombre de choses chez vous (stress, énervement, non-préparation, etc.). On parle de langage paraverbal.
- Il vous teste en situation professionnel, en effet quoi de mieux qu’un entretien téléphonique pour vérifier vos aptitudes lors d’un call professionnel !
Le langage paraverbal, composante de la communication non-verbale, concerne : le volume, la hauteur de la voix, l’élocution, les intonations, le débit, la respiration et les phatèmes.La conversation téléphonique ne se soucie pas du regard ni des mimiques mais privilégie le verbal (les mots) à hauteur de 30% quand 70% de l’information d’un message provient des éléments paraverbaux comme le rythme et le ton. Vous n’êtes pas aussi invisible que vous ne le pensez.
Personnellement, j’apprécie tout particulièrement l’entretien téléphonique car une fois le stress du début de conversation passé, les candidats sont plus à l’aise que dans une salle d’entretien (souvent froide et austère) et leurs réponses sont plus honnêtes.
II. Quelles différences avec un entretien physique pour le candidat ?
La communication non-verbale, plus spécifiquement paraverbale, peut jouer en votre défaveur. C’est pourquoi je vous encourage à être limpide et cohérent dans vos réponses. L’exercice est déstabilisant, d’autres difficultés sont à mentionner pour le candidat :
- La perte de concentration déclenchée par un mail/sms reçu, un téléphone qui sonne, quelqu’un qui rentre, etc.
- La manière de se positionner face au recruteur (excès de confiance ou familiarité)
- Le rythme généralement plus soutenu que lors d’un entretien physique qui peut déstabiliser dans sa façon de se présenter, d’argumenter.
III. Mais alors comment s’y préparer efficacement ?
Il faut s’y préparer aussi sérieusement qu’un entretien physique ! En amont, essayez de savoir qui va vous interviewer (RH/Opérationnel) afin de préparer un pitch de présentation en conséquence. Car oui, votre pitch est capital lors d’un entretien téléphonique. Il doit être concis, pertinent et efficace ! L’entretien étant plus court, tâchez de le faire tenir en 2/3 minutes maximum. Ne retracez pas tout votre parcours depuis le collège. Privilégiez les informations ayant un lien direct avec le poste et/ou l’entreprise visée.
La conclusion est également très importante. Montrez votre réelle motivation et votre implication en posant des questions sur le poste, le processus de recrutement, et remerciez le recruteur pour son temps.
Enfin, mettez-vous en condition un peu en avance (5/10 minutes). Installez-vous dans un endroit calme, idéalement avec un bureau vous permettant de prendre des notes. Débarrassez celui-ci de toutes formes de distractions possible et préparer des documents pouvant vous aider lors de l’entretien (notes personnelles, fiche de poste, votre CV, information sur la société et/ou le recruteur, etc.) Les premières secondes seront capitales ! Travaillez en amont votre voix, votre ton, et votre rythme de parole. Plusieurs fois j’ai eu affaire à des candidats faisant des pitchs de 10/15 minutes, avec dedans forcément de nombreuses informations non-pertinentes. Cela m’a laissé penser que ces candidats n’avaient soit pas suffisamment préparé leur entretien, soit n’arrivaient pas à synthétiser leurs pensées. Les deux cas sont souvent malheureusement rédhibitoires pour un candidat.
IV. Y a-t-il des questions qui tombent plus que d’autres ?
Pour cette question il faut différencier l’entretien « sur le pouce », de l’entretien de présélection et de l’entretien « réel ». En règle générale, le déroulé de l’entretien est identique avec celui d’un entretien physique. Le recruteur vous demande de vous présenter, puis il présente le poste pour lequel il vous appelle avant de vous questionner sur certains points spécifiques concernant votre parcours ou le poste à pourvoir. Il cherchera à valider que vos expériences et compétences correspondent bien au poste et à l’entreprise.
Dans le cas d’un entretien « sur le pouce », l’objectif du recruteur étant de valider quelques points importants concernant votre candidature avant d’aller plus loin dans le processus, les questions seront très souvent similaires. Le type de questions auxquelles vous pouvez vous attendre :
- À partir de quand êtes-vous disponible ?
- Pourquoi allez/avez-vous quitté votre poste ?
- Quelles sont vos motivations ?
- Quel est votre niveau de langue ?
- Quelles sont vos prétentions salariales ?
- Quel est votre visa/permis de travail actuel (pour les candidats étrangers) ?
V. Faut-il éviter de faire/dire certaines choses ?
- Réaliser son entretien dans un endroit bruyant. En plus d’être contre-productif, et dans le cas où celui-ci a été planifié, le bruit donnera l’impression que vous n’êtes pas professionnel. Si pour X raisons cela arrive (vous êtes encore au bureau, dans les transports ou vous avez un imprévu), mieux vaut décaler l’entretien que de le passer dans ces conditions néfastes pour le recruteur mais surtout pour vous ! C’est selon moi la chose à éviter à tout prix. En effet, en plus du manque de professionnalisme et de respect envers le travail du recruteur que cela implique, le recruteur va devoir lutter contre les bruits parasites et les coupures de réseau, afin de bien comprendre les informations que vous lui transmettez. Il gardera forcément un souvenir négatif de cette expérience. À prohiber donc !
- Se laisser déconcentrer. Ne regardez pas votre portable/ordinateur pendant l’entretien. Ne faites pas autre chose en même temps. Rappelez-vous du langage paraverbal, le recruteur va immédiatement ressentir votre perte de concentration à travers votre ton et votre rythme de parole. Vous risquez de donner l’impression que vous n’êtes pas impliqué.
- Avoir peur des moments de silence lors de l’échange et en conséquence de relancer trop vite le recruteur (le fameux « Allô ? Vous êtes toujours là ?»). Le recruteur peut être en train de finir de noter une information que vous venez de lui transmettre, ou tout simplement être en train de préparer une nouvelle question. N’ayez pas peur des blancs, profitez-en plutôt pour récupérer votre souffle si besoin et vous préparer à la question suivante.
- Tout comme la relance trop hâtive en cas de silence, il faut éviter à tout prix de couper un recruteur. Cela peut arriver par moment, et il arrive parfois que le recruteur lui-même qui vous coupe la parole. Cela n’est pas grave en soi, mais si l’erreur vient de vous, n’oubliez pas de vous en excuser. Vous témoignerez de votre politesse, critère très apprécié chez les recruteurs. Dans la même veine, éviter de répondre trop rapidement, réfléchissez bien à la question posée afin de formuler une réponse claire et précise au recruteur. Ne lui donnez pas l’impression d’être désorganisé(e) ou pire, impulsif(ve)
- Prendre l’entretien téléphonique à la légère. Vous n’avez pas préparé votre entretien ? Cela se sent dès les premières secondes et vous briserez tout aussi vite vos chances de passer à l’étape suivante. Le fait de ne pas être en face à face peut impacter votre manière d’être. Évitez à tout prix d’être trop à l’aise, n’oubliez pas que nous sommes dans une situation professionnelle, et surtout évitez à tout prix d’être familier. Les tics de langages ont tendances à ressortir au téléphone.
VI. Nos conseils bonus
Lors de votre recherche d’emploi, vous allez très certainement rencontrer des situations d’entretiens ‘sur le pouce’. Deux conseils :
- Toujours préparer et idéalement avoir près de soi les réponses aux questions régulièrement posées.
- Ne décrochez pas à un numéro inconnu afin que le recruteur vous laisse un message vocal vous permettant de bien resituer le poste et son contexte. Cela vous permettra également de l’appeler ensuite dans un endroit calme si cela n’était pas le cas au préalable. Dans le cas où vous avez décroché, si vous ne vous sentez pas prêt dites tout simplement que vous n’êtes pas disponible et proposé au recruteur de le rappeler le lendemain ou plus tard dans la journée.
En règle générale je vous conseillerais de toujours prendre des notes lors d’un entretien téléphonique. Cela aura deux effets bénéfiques pour vous :
- Ces notes pourront vous être utiles pour votre mail de remerciement post-entretien, votre mail de relance éventuel, ou encore lors de l’entretien physique qui va suivre.
- Ces notes peuvent également vous permettre de découper une question un peu longue afin d’y répondre de la manière la plus précise et efficace possible.
Soyez enthousiaste et souriez ! Le dynamisme d’une personne se ressent à travers le téléphone ! De plus cela influe sur votre diction et votre ton. Avant l’entretien, vous pouvez faire des exercices de respiration pour calmer votre stress et vous permettre d’attaquer l’entretien du bon pied. Une fois les premières secondes passées vous verrez que votre stress se sera envolé. Enfin, préparez un message sur votre répondeur qui soit sobre. Évitez qu’un recruteur abandonne votre candidature juste à cause d’un message trop fantaisiste.
Conclusion
L’entretien téléphonique, s’il est bien préparé et exécuté, sera un réel atout pour le candidat dans la suite du processus de recrutement. En effet, il donne au recruteur une première bonne impression de vous, ce qui pourra par la suite biaiser son raisonnement. Il aura ainsi tendance à se montrer très enthousiaste à l’idée de rencontrer un candidat l’ayant marqué au téléphone, et sa manière d’appréhender l’entretien physique en sera très certainement impactée. C’est pourquoi il ne faut en aucun cas négliger cette étape décisive dans le processus de recrutement afin de maximiser vos chances d’être retenu à la fin !
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Baptiste DAIRE – Traduction : Yuan Xin EE – Mon ami français 我的法国朋友 – Juin 2020